Sorti dans les salles obscures en 1979, l'excellent film de science-fiction Alien le huitième passager réalisé par Ridley Scott est devenu culte. A sa sortie, le film a reçu un tel succès, à la fois critique et commercial (amplement mérité), qu'une suite était déjà dans les idées de certains. On connait la suite, plus ou moins réussie.
Alien c'est une célèbre franchise du 7ème art mais également de nombreuses adaptations vidéoludiques. De 1996 à 2014, le jeu vidéo Alien a beaucoup fait parlé de lui et surtout avec l'énorme scandale du dernier opus Alien Colonial Marines, qui lui valut entre autre un procès. Dès lors, pour le studio qui allait reprendre la franchise, l'erreur n'était plus possible. Il fallait à tout prix redorer le blason de la belle créature verte. C'est le studio The Creative Assembly, en partenariat avec Sega, qui décida de s'atteler à cette lourde tâche avec Alien Isolation , sorti le 7 octobre 2014. A l'occasion des premières présentations du jeu avec la presse, les développeurs avaient promis LE jeu de survie en hommage au film de Ridley Scott. Mission completed ???
Une ambiance réussie
A peine la cinématique d'introduction passée, le ton est donné. Ce n'est pas pour rien qu'on parle d'Alien Isolation. Dès le début de l'aventure, vous vous retrouvez seul, livré à vous même et à ce vaisseau abandonné. A ce moment précis, vous n'imaginez pas l'expérience que vous allez vivre pour parvenir à boucler le jeu. C'est le début d'une longue histoire d'horreur...
Le scénario d'Alien Isolation a lieu après les événements du film mais s'inspire directement de scènes de celui-ci, de manière plus ou moins efficace. Encore une fois, on sent bien le fan service.
Certains passages à bord du Sébastopol sont splendides.
Techniquement parlant, le jeu est vraiment réussi. Que ça soit les effets de lumières, les textures, l'architecture du Sébastopol, le design de l'Alien ou encore les moindres petits détails qui renforcent l'immersion, Alien Isolation vous plonge à 200% dans l'ambiance angoissante du huis clot.
Côté bande-son, le titre frôle l'excellence. On est en totale immersion dans le Sebastopol. On peut entendre en permanence les bruitages du vaisseau, les grincements, les scintillements des lumières... Tout est fait pour vous plonger intégralement dans la peau d'Alma, et ça, c'est réussi.
Le test a été réalisé sur PC. Pas besoin d'une configuration de la NASA pour faire tourner la bête. Le titre n'est pas trop gourmand et plutôt bien optimisé. A noter que le jeu sera jouable avec l'Oculus Rift.
Vos ennemis : humains, synthétiques et Aliens.
A peine arrivé à bord du Sébastopol, vous ressentez déjà une ambiance malsaine. Votre première rencontre sera un groupe de survivants peu aimables, décidés à en finir avec le premier venu. Ce premier passage donne le ton, vous êtes extrêmement vulnérable. Pas la peine de jouer au héro avec votre petit outil de bricolage permettant d'ouvrir certaines portes. Les survivants humains sont coriaces et souvent bien équipés. Il est souvent recommandé de les éviter, tout comme les autres ennemis. Au fur et à mesure de votre progression dans le jeu, votre petit arsenal s'étoffera, sans pour autant faire de vous un soldat suréquipé. La cohabitation entre groupes d'humains et l'Alien vous permettra d'utiliser ces survivants comme un appât pour faire diversion. Ainsi, vous prendrez plaisir à voir vos ennemis se faire dévorer à votre place. Malheureusement, ces passages très jouissifs sont trop rares.
Les humains peuvent se révéler très dangereux.
Après une bonne heure de jeu, votre deuxième rencontre sera les synthétiques. Directement inspirés du film de Ridley Scott, ces robots chargés de la maintenance du vaisseau sont (en principe) inoffensifs. Malheureusement pour vous, votre périple à bord du Sébastopol vous conduira à arpenter des endroits interdits aux humains et contrôlés par les synthétiques. Il est souvent recommandé, comme pour les humains, d'éviter tout contact avec eux, à moins d'avoir de quoi faire face. Leur armure est très résistante et les protège efficacement de vos balles. N’espérez pas les vaincre avec une balle dans la tête. Heureusement pour vous, ils sont très lents, ce qui vous permet de les semer assez facilement.
Les synthétiques ne sont pas que vos ennemis,
vous pouvez aussi les utiliser pour parvenir à vos fins.
Enfin, présentons l'ennemi au coeur du jeu : l'Alien. Après avoir récupéré votre détecteur de présence, dont l'usage est obligatoire, vous aurez le plaisir de faire la connaissance de cette belle créature verte sortie de nulle part. C'est là que le début de vos emmerdes commence. Heureusement, certains passages du jeu se feront sans l'Alien, vous permettant d'être un peu moins sur les nerfs.
N'espérez pas vaincre l'Alien, il est impossible de l'éliminer. Dès lors, votre seule solution consiste à l'éviter à tout prix et jouer de ruse pour le contourner. Une fois que l'Alien vous à repéré, c'est fini, vous êtes mort. La seule arme qui vous permettra de vous protéger de lui est le lance flamme mais que vous obtiendrez seulement au milieu de l'aventure.
Le lance flamme est très utile mais vite épuisable.
Le gameplay
Commençons par parler du craft qui occupe une bonne place dans le gameplay. Vous allez devoir ramasser toute sorte de matériaux cachés dans des caisses à outils, tiroirs et meubles afin de vous créer des armes artisanales (bombe à fragmentation, bombe sonore, seringue, fumigène...). Le craft est très basique et n'est là que dans le but de vous rendre la tâche moins aisée. Il vous suffit par exemple de cliquer sur une série de boutons pour créer une seringue par exemple. Ainsi il vous faudra faire preuve de beaucoup de patience pour créer certaines armes comme les bombes à fragmentation, alors que les seringues ou détecteurs de présence sont faciles à créer.
Le craft permet de vous créer des armes artisanales.
Dans votre balade à bord du Sébastopol, vous rencontrerez souvent, très souvent, des portes. Sachez qu'il n'a jamais été aussi galère dans un jeu vidéo de passer des portes. Pourquoi ? Encore une fois pour vous rendre la tâche plus difficile et vous angoisser quand vous êtes poursuivi. Ainsi, certaines portes nécessitent un code, une soudure ou encore un piratage (l'utilisation du piratage arrive fréquemment). Les développeurs ont réussi leur parie en ce qui concerne l'immersion, grâce à un gameplay assez bien pensé et bien structuré. Cependant, il ne faut pas oublier que quasiment tout le solo se déroule dans un vaisseau, et qui dit vaisseau dit succession de couloirs. Heureusement pour nous, les développeurs ont plutôt bien pensé l'architecture des niveaux ce qui ne laisse pas trop un sentiment de faire toujours la même chose.
Les phases de piratages sont trop faciles et répétitives.
L'IA de l'Alien
L'Alien est le cœur du jeu et la raison du côté survie du gameplay. Pour l'occasion, les développeurs ont voulu créer une IA aléatoire afin d'éviter de prédire à l'avance le comportement de l'Alien s'il était scripté. Du premier quart de l'aventure jusqu'à la fin, l'Alien sera quasiment omniprésent avec vous. En effet, celui-ci se déplace dans le système de conduits d'aération du Sébastopol ce qui lui permet de de descendre à peu près dans n'importe quelle pièce quand il entend un bruit. Dès lors, la prudence et le silence sont de rigueur. Il vous sera indispensable d'éviter par exemple de tirer sur une cible ou encore de courir, faute quoi vous vous ferez dévorer.
Pour vous aider à vous en sortir, vous pourrez vous cacher dans des placards, sous des tables ou encore dans des conduits d'aération au sol (ça n'est pas sans rappeler Outlast). On prend assez rapidement l'habitude de se méfier du moindre bruit et d'anticiper tout ce qui pourrait attirer l'Alien (comme les humains par exemple). Votre détecteur de mouvement est indispensable pour vous orienter et vous renseigner sur la présence de l'Alien. Malheureusement pour vous, il n'est pas fiable à 100% et il arrive qu'il bug (dans les conduits entre autre). Votre progression est dès lors beaucoup plus compliquée mais ce n'est pas là le plus handicapant.
Tu brûles...
Qui dit IA aléatoire dit gros problèmes. En partant avec de bonnes intentions, les développeurs ont créé un gameplay foireux, la faute à une IA non maîtrisée. Il arrive très souvent que l'Alien débarque juste devant vos yeux alors que vous vous déplaciez en silence ou encore qu'il revienne cinq fois sans raison dans la pièce où vous êtes caché. Pour ainsi dire, il m'est souvent arrivé d'être bloqué dans un placard pendant 10 à 15 minutes parce que l'Alien restait bloqué dans la salle sans raison. C'est très très énervant. Comportement absurde, incohérent, bugs à répétition, votre progression dans le jeu est hachurée à cause d'une IA de merde. A cela s'ajoute les points de sauvegarde (fixes) qui sont à certains endroits très mal pensés, ce qui vous contraindra à refaire 10 à 20 fois le même passage parce que les développeurs n'ont pas prévu un point de sauvegarde adéquat. Frustrant, énervant et rébarbatif à vous dégoutter du jeu, on retient d'Alien Isolation une expérience de jeu très mitigée.
CONCLUSION : 10/20
Il est très difficile de trancher la note d'Alien Isolation, tantôt l'expérience est réussie, tantôt complètement ratée. Le bilan est donc très mitigé et ce nouvel épisode n'est pas la claque qu'on attendait.
En partant avec de belles intentions, une bonne structure scénaristique et une ambiance parfaitement maîtrisée, il était difficile de se planter. Malheureusement, The Creative Assembly n'a pas réussi à nous offrir un vrai jeu de survie comme il nous l'avait promit. En partant d'une idée plutôt audacieuse et opportune, l'IA aléatoire de l'Alien devait générer une expérience angoissante et oppressante de tous les instants, en évitant les inconvénient d'une IA scriptée. Malheureusement, l'aléatoire n'est pas maîtrisé et vient saccager une bonne partie de notre expérience de jeu avec le comportement de l'Alien souvent incohérent. On en vient presque à balancer notre clavier sur notre 24 pouces à force de mourir de manière injustifiée et improbable. Faire un jeu difficile n'est pas reprochable. En revanche, proposer un jeu au schéma maladroit qui en devient injouable, là, il y a de quoi pester.
Si Alien Isolation a des allures d'arlésienne, ne crions pas au scandale. Le titre est sauvé par les nombreux points positifs relatés ci-dessus mais ce n'est clairement pas suffisant pour gommer tous les problèmes techniques. Alien Isolation n'est donc pas encore LE jeu Alien tant attendu. En revanche, il a le mérite de proposer un jeu de survie basé sur de l’infiltration pure, à peu près réussi.
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